sábado, 8 de outubro de 2016

Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault : NOTRE-DAME DU ROSAIRE

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 NOTRE-DAME DU ROSAIRE
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 7 octobre 2016)
Ne timeas Maria... Ne crains pas Marie…
Lc 1,30
Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils,
Le cours de l'année ramène aujourd'hui la fête du Saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie.
L'Évangile de saint Luc a conservé le récit de ce sommet de l'histoire de l'humanité, où l'ange Gabriel vint au nom de Dieu visiter une vierge demeurant dans la ville de Nazareth.
La salutation angélique assure Marie de la proximité de Dieu : elle est pleine de grâce, le Seigneur est avec elle, elle est bénie entre toutes les femmes. Les paroles de l'ange suscitent pourtant en Marie un trouble : quelle est donc cette salutation d'un genre inconnu ?
L'ange rassure la Vierge : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici que tu concevras et enfan-teras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. » (Lc 1,30-31) La réponse de Marie à la parole de l'ange est sans détour, radicale : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38)
À l'écoute de l'épisode évangélique, la crainte de Dieu ne devrait-elle pas aussi envahir nos cœurs ? Nous savons comment l'Église a interprété la plénitude de grâce de celle qui est appelée Mère de Dieu. Nous savons surtout sur quel chemin Marie s'est engagée par son Fiat. Dieu serait-il si loin de nous qu'il ne puisse envoyer son ange nous visiter ? Dieu ne nous demanderait-il pas le don radical de notre vie ?
Reconnaissons que la crainte de Dieu n'est pas la vertu première de l'homme moderne, qui se félicite de s'être débar-rassé des tyrannies de la superstition. Malheureusement, c'est aussi trop souvent le fait des chrétiens. La banalisation, le manque de respect devenus communs dans les sociétés modernes se sont répandus dans l'Église et ont conduit à une désacralisation, dont Dieu est la première victime et son culte la seconde. Le Pape fustige la vision de l'Église telle une ONG.
Aujourd'hui, si la crainte de Dieu a été reléguée aux anti-quités de la religion, une autre crainte la remplace qui se fait de plus en plus pressante : la crainte des hommes devant le cours des événements ; la crainte devant les haines, les guerres, les famines ; la crainte devant la violence des catastrophes natu-relles, la crainte des autres hommes.
Les gouvernants, qui sont les premiers à avoir les éléments pour juger en vérité du péril, mais aussi qui, craignant de perdre un électorat nécessaire, sont toujours prompts à falsifier à grande échelle cette même vérité, se veulent rassurants. Les hommes ne sont plus dupes de la supercherie. Le désintérêt des citoyens en face des questions politiques mais aussi, et c'est malheureux, en face des enjeux, des conséquences de ces choix, est révélateur. Alors que chacun se replie sur soi, le monde devient la proie d'idéologues asservis au prince de ce monde et conduisant les hommes à leur perte.
Comment concilier la promotion de l'avortement avec les recherches pour guérir l'embryon ? Comment affirmer pour-suivre la paix et faire de la puissance financière le critère de la moralité ? Comment vouloir promouvoir l'équilibre de l'enfant et de la famille en banalisant le divorce ou en normalisant les unions contre nature ? Comment considérer la liberté d'expres-sion comme une valeur des sociétés et laisser aux moyens de communication modernes toute licence de faire des individus des épaves à la remorque de leur addiction, tout en censurant ceux qui disent simplement la vérité, fruit de l'expérience par, exemple quant à la gravité et aux conséquences de l'avortement. Il est difficile de ne pas discerner derrière ces faits une idéo-logie destructrice de l'humanité.
Oui, en face de cette puissance de ténèbres à l'œuvre dans la politique et dans les sociétés, l'homme a raison de craindre. Mais cette crainte ne doit pas demeurer stérile. Elle doit conduire au retournement de la société, à la conversion de ses membres, à une vive aspiration à la splendeur de la vérité, à la rencontre de la vraie lumière.
Pour cela, l'homme doit rechercher l'enseignement de ceux que la qualité de leur vie désigne comme maîtres en humanité. La récente canonisation de Mère Térèsa de Calcutta qui a suscité un intérêt mondial devrait ainsi inviter à considérer les réflexions de la sainte sur la société. Peu soucieuse des sondages, elle affirmait par exemple au moment de recevoir le prix Nobel de la Paix : « Il y a des choses qui brisent la paix. Mais je crois que le plus grand destructeur de la paix aujour-d'hui, c'est l'avortement, parce que c'est une guerre directe, un assassinat direct » (discours du 11 décembre 1979) Saint Jean-Paul II, artisan de la chute du rideau de fer sans conflit armé, opposant ferme au déclenchement de la guerre en Irak qui aujourd'hui est à l'origine de centaines de milliers de morts, écrivait :
Aucun homme ne peut se dérober aux questions fonda-mentales : Que dois-je faire ? Comment discerner le bien du mal ? La réponse n'est possible que grâce à la splendeur de la vérité qui éclaire les profondeurs de l'esprit humain, comme l'atteste le psalmiste : « Beau-coup disent : " Qui nous fera voir le bonheur ? " Fais lever sur nous, Seigneur, la lumière de ta face » (Ps 4, 7) … De ce fait, la réponse décisive à toute interrogation de l'homme, en particulier à ses interrogations reli-gieuses et morales, est donnée par Jésus-Christ ; bien plus, c'est Jésus-Christ lui-même... » (Veritatis Splendor 2)
La peur, la haine, révèlent à l'homme sa quête de paix et de vérité. Il veut réentendre de la bouche de l'ange Gabriel la parole adressée à Marie, et à travers elle à toute l'humanité : « Ne crains pas, tu as trouvé grâce devant Dieu. » La rencontre de la face de Dieu sera l'apaisement de son tourment. L'homme a besoin d'accepter l'amour de Celui qui l'a appelé à la vie.
Travaillons à cette rencontre avec l'arme tranquille du Rosaire. La méditation de ses mystères offre un chemin d'espé-rance pour notre temps, à l'école du Christ et de Marie. Plus que jamais, nous devons nous montrer fermes et vigilants, combat-tant contre le serpent avec les armes de lumière.
Soyons-en certains : Dieu est fidèle à ses promesses et son nom est miséricorde pour ceux qui le cherchent.
Amen.